party hard ▲ libre

Treize ne comptait plus les verres servis, vidant bouteille après bouteille dans des coupes en cristal et de moins glorieux gobelets en plastique. Dans ses talon hauts qui résonnaient dans la salle entière à chacun de ses pas, elle déposait des plateaux de nourriture, et servait les uns et les autres : Quand ses idées s’embrouillaient, elle se pensait au travail - elle en avait la tenue, une robe noire courte mais évasée, sans bretelles pour mettre ses atouts en valeur - elle avait entendu dire que le shooting star était aimé des sponsors et elle donnait tout ce qu’elle avait au nom de son équipe, qui était ce qui se rapprochait le plus d’une famille pour elle, après son amnésie. Malheureusement, elle n’avait que cela : elle. Mais donner de sa personne était amplement suffisant.

S’occuper de la musique, c’était le travail de Piper. D’abord parce que Treize n’avait aucune idée de comment marchaient toutes ces choses compliquées avec pleins de fils, mais aussi parce qu’une certaine personne lui avait signifié que Sad violon n’était ni acceptable à 3h du matin, alors que des gens dormaient, ni dans un lieu qui se voulait festif.

Ridicule.
Présomptueux. (l’un des mots les plus compliqués qu’elle connaissait, alors elle l’utilisait le plus souvent possible pour se donner des airs intelligents) À vrai dire, au début, elle n’avait pas compris la raison exacte de cette fête. Mais elle s’était tue, parce qui avait besoin de raisons pour faire une fête ?? Certainement pas elle. Puis elle avait compris : ils fêtaient probablement leur victoire prochaine et inévitable, ce qui leur permettrait de gagner, parce qu’il avait déjà fêté leur victoire. CQFD. Décidément, ces dias. Toujours aussi ingénieux. Elle était fier d’appartenir à leur équipe. Bien entendu, elle ne se cachait absolument pas derrière son service pour échapper à ces histoires de bizutage.  

Après un soupir contenté - tout allait (pour l’instant) pour le mieux -, elle se permit elle-même de prendre son verre de elle-ne-savait-trop-quoi + de l’alcool et d’y boire un peu, fixant la porte d’un œil attentif. Dès que quelqu’un passa celle-ci, Treize s’avança avec un grand sourire et un Bonsoir !!! des plus enthousiastes, posant une coupe de ce qui était (probablement) du champagne dans les mains de l’arrivant, comme si l’alcool était le prix à payer pour entrer dans la soirée.

Elle sent un peu d’hésitation dans la voix d’Oede, et compatit.
Quoi qu’on en dise, les fêtes n’étaient pas une affaire facile - même pas pour elle, alors qu’elle sautait sur l’occasion d’en organiser à la moindre bonne nouvelle. Les choses auraient pu être pires : Ce qui réunissait tout ces gens ici, c’était l’appartenance à un même groupe, alors il y avait cette impression de familiarité, entre gens qui allaient devoir coopérer ensembles s’ils souhaitaient une belle victoire. Ou peut être était-ce là la problème : de ne rien connaître des autres, sinon qu’on devait compter sur eux.

Que faire ? Treize avait la solution. Dans les faits, c’était la solution à tous ses problèmes, quand pleurer sur son sort ou se plaindre n’y changeait rien : L’alcool. Elle prit trois bonnes gorgées de son propre verre, fixant des yeux attentifs et curieux sur la jeune fille qui lui parlait avec beaucoup de mal. Bonsoir, euh... toi. Avec la musique, et le bruit des autres discussions, elle entendit Trois, et répondit avec un petit rire : Presque ! C’est Treize. Et elle ajouta, pour répondre à la question qui lui avait été posé On peut dire ça, oui !, avec un grand sourire, comme si rien ne lui faisait plus plaisir que cette soirée, avec ces dias.

Tandis qu’elle s’apprêtait à lui retourner la question, elle vit Ariel entouré de garçons, à qui elle fit un grand signe, sautillant sur place, ravie de voir qu’il était venu. Décidément, ses capacités de persuasion ne cessaient jamais de l’impressionner. Elle vit ensuite Piper, puis Ariel, puis Piper sur Ariel, mais en bonne collègue et colocataire qu’elle était, elle ne devint absolument pas jalouse d’un contact aussi minime que
D’accord, elle était jalouse.
Peut être un peu.

Après une grande inspiration, elle détourna le regard, avec un sourire bien plus hypocrite que précédemment, n’ayant cesse de se répéter que tout allait et irait pour le mieux, au nom de l’honneur des Dias, et de sa propre réputation d’hôtesse. ça fait longtemps que tu es... ici ? et elle accompagna sa tentative de conversation avec un petit geste qui indiquait qu'ici signifiait le jeu, et non la soirée. Mais plus les jours passaient, moins Treize avait envie d'appeler leurs vies un jeu.