vive le boeuf bourguignon

«  Il fallait comprendre qu'on ne peut pas toucher à l'eau, à la belle et fuyante eau froide parce que cela mouille les dalles, à la terre parce que cela tache les robes. Il fallait comprendre qu'on ne doit pas manger tout à la fois, donner tout ce qu'on a dans ses poches au mendiant qu'on rencontre, courir, courir dans le vent jusqu'à ce qu'on tombe par terre et boire quand on a chaud et se baigner quand il est trop tôt ou trop tard, mais pas juste quand on en a envie! » - Antigone, J. Anouilh

Plic. Ploc. Plic. Ploc.
L'eau tombe, imperturbable, réglée comme une horloge. Le torrent qui s'abattait à cessé et à laissée derrière lui des nuées de gouttelettes pendues par les pieds à des gouttières. C'est amusant, l'eau qui tombe. Et si on sautait dans la petite flaque qui grossit devant nous, pour voir, juste pour voir, le bruit que cela ferait ? Pour sentir les gouttes explosaient sur nos bottines ? Et si on allait plus loin, qu'on suivait le cheminement des gouttes et qu'on tendait la langue pour les sentir se déposer dessus ?

Non.
Il ne faut pas, cela ne serait pas bien. Papa le dit bien, lui que ce n'est pas bien. Il nous regardera avec ses lèvres pincées et ses sourcils froncés, et nous répétera comme un disque usé que ce n'est pas bien. Une grande fille ne devrait pas faire ça, c'est un jeu pour " les bébés qui ne savent pas bien se tenir en jeu de société " ou quelque chose comme ça. Et je ne suis pas un bébé. J'ai déjà 7 ans. A 7 ans, on ne fait pas de bêtises. On est sages. Quand on est une grande fille comme moi qui a déjà 7 ans, ce n'est plus de notre âge de faire des bêtises que font les bébés.
On s'ennuie un peu à 7 ans.