Ta tête est lourde et tes yeux papillonnent. Brièvement, tu jettes un coup d'oeil à droite, puis à gauche. A la vue de la pièce circulaire dans laquelle tu te trouves, précisément au centre, tes sourcils se froncent. L'endroit te serait-il inconnu ? Tu n'as pas le temps de te poser la question que déjà, une voix résonne dans la pièce, brisant tes vaines tentatives d'orientation.
« Bienvenue sur No Name et puisses-tu devenir le plus célèbre. »
12.03.2017 Première maj de nng et lancement du premier event' ! ici
Aujourd'hui était le véritable cliché du parfait petit dimanche matin. On pouvait voir les habitants de l'île boire leur café et lire leur journal, enfin plutôt checker les news sur leur smartphone, à leur fenêtre. Les rues embaumaient le poulet rôti de la place du marché, le soleil éclairait le ciel et il faisait bon vivre. La seule ombre au tableau était qu'il n'y avait pas le joyeux rire des enfants, le mouvement de la jeunesse. Aucun garnement ne collait son nez à la fenêtre de la boulangerie ni ne quémandait de bonbons. Il n'y avait pas de jeunes enfants dans le jeu, heureusement, ils n'avaient pas leur place ici, épiés sans cesse par les caméras. Anatole ne travaillait pas le dimanche matin. Il ne voyait pas l'intérêt d'ouvrir la boutique, personne n'y passait de toutes façons. Il avait déjà pensé à demander un stand sur le marché mais il fallait transporter les livres, s'installer et ranger... trop fatiguant et il n'en avait pas envie. Il préférait flâner, rêver et profiter de la journée. Il aimait se perdre dans les ruelles, visiter l'île : en découvrir les moindres recoins.
Aujourd'hui n'échappait pas à la règle. Il faisait bien trop chaud pour un mois de février et le soleil donnait déjà dans la petit chambre sous les combles. Anatole sorti après avoir simplement enfilé une vieille veste en toile, sans prendre de petit déjeuner. Le Smartphone était, comme souvent, resté à l'intérieur. Il s'arrêta à une boulangerie non loin pour acheter un croissant. Il ne pouvait s'empêcher de sourire, que la vie était douce en cet instant. Il avançait doucement dans le quartier d'Obéron , ses doigts glissaient contre les vieilles briques jaunes rugueuses, ripant dans les angles.
Une belle boutique de fleurs lui tendait les bras. Il se sentait attiré et intrigué par l'endroit... Il ressentit soudainement le besoin d'une plante verte pour décorer le cagibi, être un peu moins seul. Sans y réfléchir il entra. Le vendeur était un homme, une drôle de dégaine, les cheveux décolorés, bleus par endroits. Étonnant. Il avait l'air occupé. Des clients exigeant lui tenaient la jambe, jamais contents du bouquet proposé. Anatole décida donc de faire le tour de la boutique. Il se sentait étrangement bien et apaisé entouré de toutes ces plantes. Un véritable bonheur. Il ne pouvait s'empêcher les regarder avec admiration, de les caresser. Au bout de quelques minutes, il décida de se caler entre deux pots, deux belles plantes grasses tombantes et sorti son carnet, à l'aise pour écrire.
Maelstrom
Messages : 26 age : la vingtaine ft : frey // fisheye placebo lieu d'habitation : obéron présentation : fuck you / me / off
Mer 1 Mar - 19:27
Il en a marre. Dix heures du matin et il en a déjà marre. Qu'est-ce qu'il a envie de lâcher un cactus sur les pieds de ses clients mais le business, pense au business Maelstrom, c'est pour le business que tu leur souris et que tu ouvres aujourd'hui même si tu n'as pas fermé l'oeil de la nuit - rentré à huit heures de ta soirée, à peine eu le temps de te doucher et te changer et paf le boulot. Il faut se convaincre que ça en vaut le coup, de les écouter râler et geindre parce que le bouquet qu'il leur propose est pas assez ci pas assez ça, est-ce qu'ils l'entendent commenter sur la couleur de leur chemise. Bah non (même si c'est pas l'envie qui manque).
Il est social le Maelstrom, il aime pas forcément les gens mais il aime la compagnie. Et pourtant, la seule chose qui lui vient à l'esprit lorsque le tintement de la clochette au dessus de la porte résonne dans la boutique, c'est une sale envie de meurtre. Calme, zen. Ca fait assez longtemps qu'il vit comme ça pour y être habitué et il soupire juste à l'intérieur avant de lancer un bonjour aussi enjoué que possible au nouvel arrivant, avant qu'un autre client ne l'interpelle à nouveau. "Ces fleurs sont trop bleues, ma femme n'aime pas le bleu", c'est ta face qui sera bleue quand je t'aurais fait bouffer ces fleurs, il le pense tellement fort que toute l'île doit l'entendre mais le business, Maelstrom et il s'excuse, oui, il va lui chercher le même dans une autre couleur. Il a même plus le courage d'expliquer patiemment que si, la couleur de la fleur a une importance, ça change tout son sens, il se dit juste "ouais vas-y, vexe ta femme, je veux juste que tu te casses vite" et prie pour que la pause déjeuner soit proche.
Il en enchaîne quelques uns comme ça - est-ce que toute la population de cette île a eu envie de fleurs en même temps ou comment ça se passe - et un soupir de soulagement finit par lui échapper lorsqu'enfin, la dernière cliente pousse la porte pour s'en aller. Des fois, Maelstrom, il se dit qu'il devrait changer de métier, tous les métiers où on vend sont ingrats mais ça paie et bon, il est sûr de toujours avoir de l'emploi comme ça. Encore un soupir et il s'arrache du comptoir où il était appuyé pour remettre de l'ordre dans ses pots, réarranger ce qui a été déplacé. C'est comme ça qu'il découvre quelqu'un coincé entre deux pots et OH MON DIEU, il lui a fait peur, pourquoi il est là, d'où il sort, qu'est-ce qu'il fait assis par terre ?
▬ Je peux vous aider ? qu'il finit par lâcher après un moment de flottement gênant, toujours avec son orchidée en pot dans les mains.
Le temps passe, file, flotte, s'étire et finalement se déforme. Anatole était assis au milieu les plantes depuis plus d'un heure déjà mais il ne s'en rendait pas compte. Il n'y avait rien pour le ramener à la réalité, au tangible. Il était présent physiquement mais loin, loin dans ses pensées. Il avait déjà griffonné plusieurs dizaines de pages, de débuts de nouvelles sans les finir, d'idées en vrac, d'introspection soudaine, de sentiments, de couleurs, de vie. Il n'entendait pas les clients dans la boutique s'impatienter ou tout simplement réclamer un nouveau bouquet, de nouvelles couleurs. Tout n'étais que chaos, il était comme entouré du silence, du calme, du vide le plus grand. Roulé en boule sous les feuilles, tassé comme un vieillard, il était. Il existait en lui et pour lui, pour les mots, pour la poésie. Il n'entendit naturellement pas la boutique se vider, l'agitation s'éteindre et le silence redevenir maitre des lieux. Il était absent, absent de ce qui se produisait, incapable d'entendre le vendeur bouger les pots, ranger, changer l'eau, trier les fleurs, nettoyer le comptoir... Tout simplement fermer sa boutique. Soudainement, il se sentit tiré de sa rêverie par une voix qui semblait lointaine, étouffée, comme venue d'un autre monde.
▬ Je peux vous aider ?
Dans un mouvement lent le crayon finit son mot, glissant doucement sur le papier avant de s'en détacher. Il fallu de longues secondes à Anatole pour relever la tête avec une nonchalance infinie. Son regard croisa tout d'abord un pot en terre dans lequel était planté une sublime orchidée blanche. Pure, immaculée, rayonnante. Un large sourire se dessina sur son visage. Tendre, naïf et chaleureux. Un sourire d'enfant mais un sourire sincère, qui vous fait du bien, qui vous émeu quelque part là, au fond. Il remarqua par la suite la personne cachée derrière la plante. Le jeune homme à qui appartenait la boutique. Des yeux d'un vert étrange, ces cheveux blancs tâchés de bleu. Un seul adjectif, atypique. C'était à lui que s’adressait ce sourire.
▬ Elle est pour moi ? demanda Anatole dans un élan de naïveté, les yeux pétillants.
Il gesticula, comme un enfant sorti d'un profond sommeil, roula un peu des épaules, s'essuya le visage des deux mains et se redressa un peu, toujours assis au sol, caché entre les deux plantes, comme si elles le protégeaient avec bienveillance. Il lui fallu quelques instants pour reprendre ses esprits, sans faire réellement attention à l'homme devant lui. Difficile le réveil. Il secoua la tête et le regarda de nouveau, étirant ses jambes endolories et laissant trainer son carnet par terre, au milieu des quelques feuilles tombées et du terreau. Il analysait finalement ce que le vendeur venait de lui demander et rit de lui même.
▬ Je me sens bien ici... J-J'étais venu pour une plante.
Maelstrom
Messages : 26 age : la vingtaine ft : frey // fisheye placebo lieu d'habitation : obéron présentation : fuck you / me / off
Lun 13 Mar - 22:03
Maelstrom le regarde prendre ce qui lui paraît être un siècle entier pour relever la tête et lui faire face - ce n'est pas son joli minois qui va le convaincre de ne pas s'impatienter contre cet homme qui s'est permis de s'installer ici comme si c'était chez lui. Il espère pour lui qu'il n'a pas abîmé ses plantes d'ailleurs, sinon ce carnet que le fleuriste voit traîner par terre a toutes ses chances de finir au fond de sa gorge. Et le pire, dans tout ça, pour lui, c'est ce sourire naïf, innocent - il essaye de faire pousser ses fleurs avec la réflexion du soleil sur ses dents ou comment ça se passe ? Candide, voilà le mot qu'il utiliserait s'il devait le décrire et si une partie de lui a envie de lui frotter les cheveux comme pour un enfant, celle qui lui hurle "oh non un enfant", bizarrement, la domine largement.
▬ Elle est pour moi ? s'exclame-t-il.
La réponse aurait été "oui, bien sûr !" si Maelstrom était quelqu'un de bien qui était capable de s'émouvoir devant les étincelles qui dansaient dans les yeux de cet inconnu mais malheureusement, ce n'est pas le cas. La seule réponse qui lui vient à l'esprit, c'est de lui demander de sortir sa carte bleue d'abord s'il vous plaît merci, réplique qu'il se retient de justesse de laisser échapper parce que bon, le business d'abord, toujours le business. Il pourra toujours aller casser les pieds de quelqu'un d'autre avec cette histoire ce soir autour d'une bière et pour le moment, il se contente de regarder le client le plus niais qu'il ait jamais eu l'honneur de servir se relever - il le jure sur la tête de tout ce que vous voulez, si jamais il a abîmé une des plantes qui l'entourent, c'est la guerre.
▬ Je me sens bien ici...
Et lui ne lui avait pas demandé son avis sur le confort de sa boutique, évidemment qu'on s'y sent bien, il s'est pas tué à tout décorer et organiser pour que ce soit à chier, merci.
▬ J-J'étais venu pour une plante. ▬ En général, c'est pour ça que les gens viennent, oui.
Cette fois, c'était sorti tout seul. Oups. Il se retient de soupirer, même si l'envie s'intensifie à chaque fois qu'il croise le regard de ce client un peu bizarre - sérieusement, qu'est-ce qu'il vient écrire chez un fleuriste, il est curieux de savoir ce qu'il y a dans ce carnet mais pas assez pour demander à voir. Bon. Une plante. A la tête, Maelstrom a un peu l'angoisse d'avoir affaire à un hippie qui se fait un trip écolo bio vegan 100% authentique 100% équitable - il a du mal avec ceux-là, ils lui font des monologues de trois heures pour lui apprendre la vie mais il n'en retient jamais un mot. Une prière pour que ce ne soit pas ce qu'il a devant lui et il se lance, en désignant d'un signe de tête une des étagères voisines.